Commémoration du 11 novembre 2014

commémoration 11 novembre - Saillans 2014

commémoration 11 novembre – Saillans 2014

De nombreux habitants, des élus de Saillans, mais aussi de communes environnantes, Espenel, St Sauveur en Diois, St Benoît en Diois, le conseiller général François Pegon, des représentants de la gendarmerie, des pompiers, le président de la FNACA, André Bochaco  et quatre porte-drapeaux étaient présents en ce jour de commémoration.
Les maires de Saillans, Vincent BEILLARD et de Véronne, Hélène PELAEZBACHELIER, ont lu conjointement le discours de Kader ARIF, secrétaire d’Etat et David GOURDANT a lu un discours préparé au nom de toute l’équipe municipale.

Lisez ci-dessous les 2 discours.

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PHOTOS : Corinne PELAEZBACHELIER et Michel MORIN

Discours de David Gourdant, pour la commémoration du 11 novembre, au nom de la municipalité de Saillans

Au nom de la municipalité de Saillans, nous souhaitons apporter un Hommage particulier de la commune à la mémoire de nos « poilus », combattants de la Grande Guerre, l’une des plus meurtrières de l’Histoire. A la mémoire de l’armistice, et de la paix retrouvée.

Et je vous prie d’excuser l’orateur que je suis, de n’avoir qu’une modeste voix à mettre au service d’une aussi grande cause.

Cette Première Guerre Mondiale, la France en supportera la charge la plus lourde.
Ainsi, rares ont été les communes de la patrie, jusqu’aux plus modestes des villages, qui n’ont pas connu de victimes de la Grande Guerre…

Il semblerait même, et c’est la preuve du bilan terrifiant de cette guerre, que nous avons presque tous, une histoire qui se raconte dans la famille, et dans laquelle on apprend la Mort au Champ d’Honneur d’un parent ou d’un grand parent.

C’est la raison qui nous réunit ici aujourd’hui, autour de notre monument aux morts de Saillans, ce monument qui fut lui-même inauguré en 1921, par le Docteur Léon AULES, alors maire de la commune.

C’est un devoir de mémoire que nous accomplissons ce jour.
Un devoir pour la municipalité. Un devoir pour tous les habitants de la commune.

Mais, qu’il n’y ait pas de méprise sur le sujet : il ne s’agit pas d’entretenir le souvenir du début de la Grande Guerre, il y a cent ans cette année…

Non, en ce jour du 11 novembre 2014, nous sommes tous réunis pour commémorer la fin d’une guerre. Pour célébrer la paix. Une paix qui tardait à arriver, et qui prit forme avec la signature de l’armistice, il y a exactement 96 ans…

En cette occasion nous rendons un Hommage aux combattants, qui n’auront pas survécu pour voir ce jour. 9 millions d’entre eux. Aux femmes et aux hommes victimes d’une guerre dont la plupart avaient du mal à comprendre les raisons, mais pour lesquels ils ont néanmoins donné leur vie.

Pour les survivants de la Grande Guerre sonnait alors l’heure de rentrer chez eux. Après avoir vécu un cauchemar continu pendant plus de 4 ans, après avoir connu l’enfer des tranchées et celui des batailles, dirigées de telle manière qu’il y eut peu d’économie en vies humaines…

Aujourd’hui, il y a 96 ans, pouvait commencer la démobilisation. Les « poilus » pouvaient retrouver leurs maisons et leurs familles. En comptant parmi eux, plus de 20 millions de blessées, sans parler des séquelles psychologiques qu’une telle guerre peut laisser sur la conscience d’un Homme…

Pour les habitants de Saillans, ceux qui n’avaient pas été mobilisés, essentiellement des anciens, des femmes et des enfants, qui ont dû assurer le travail des champs, le travail à l’usine, et toute la gestion d’une commune, avec les privations et la faim au ventre, est venu le jour où les survivants étaient enfin de retour au village…

Une grande fête eut lieu en leur honneur, le 28 septembre 1919, durant laquelle le maire, Mr Léon AULES, fit un discours. Un discours à la joie des retrouvailles, à la profonde peine des disparus, et surtout pour la paix, que l’on souhaitait à jamais durable :

« Un instant, ils parurent oubliés, leur mémoire emportée dans la rafale. C’était le moment douloureux où la fortune des armes désertant nos drapeaux, mit en jeu les destinées de la France et compromit l’existence de la Patrie.
[…] « Si ce grand drame que nous avons vécu a provoqué une émotion aussi intense, c’est que dans ce duel terrible, le choc des Idées fut aussi formidables que le choc des Armes.
[…] Il semble en effet, que dans cette épreuve, pour fixer le terme de ces guerres monstrueuses où s’assouvit l’appétit dévorateur des races de proie, le Destin ait voulu, en apportant des modifications aussi profondes dans l’état social des Peuples, changer la constitution du vieux Monde, pour que le Droit prime enfin sur la Force, aux assises pacifiques des Nations Unis en Société.
[…] Et, dans la farouche hécatombe, Saillans, certes, a fourni un lourd et pitoyable tribut. Ce n’est pas sans un frisson d’horreur que nous nous remémorons tant d’énergies brisées, d’espérances anéanties, […] Instruments inconscients, et sublimes, luttant pour la liberté de la Patrie […] »

N’est ce pas le Maréchal Foch, signataire de l’armistice, qui dit un jour :
« Pensez à quelle hauteur doit s’élever le chef, pour être digne de commander de tels hommes. »

Léon AULES honore aussi le rôle important qu’a joué l’hôpital militaire de Saillans, plus connu aujourd’hui comme le bâtiment de l’ancienne perception :

« De toute cette légion de Héros, rares furent ceux dont la dernière détresse put trouver à l’intérieur des terres, l’apaisement que leur procuraient les soins diligents et quasi maternels dont nous nous étions fait une tradition dans nos hôpitaux militaires […] dont les médecins civils, par leur abnégation à toute épreuve et par leur désintéressement sans bornes, inscrivirent une page mémorable au livre d’or du Corps Médical Français. »

Suite au 11 novembre 1918, les superpuissances qui venaient de mettre ce monde en charpie, les hommes de pouvoir qui venaient de créer des champs de ruines, réglant leurs comptes sur le dos des populations épouvantablement appauvries, se sont mis à parler de paix.

« Plus jamais ça ! » ont-ils crié… Mais la mémoire des Hommes est courte, laissant à nouveau libre cours à l’appétit du pouvoir et du gain. Laissant la place à des meneurs qui brillent bien moins par leur sagesse et leur empathie que par leur disposition à créer le conflit, à répandre la peur et la haine, les rumeurs et la propagande.

Contrairement à une idée que certains propagent, une guerre est-elle vraiment nécessaire pour préserver la paix ? Face à de telles tragédies humaines, à l’image de la Première Guerre Mondiale, on est en droit de se le demander.

Chaque arme produite à le pouvoir de se retourner contre son fabricant.
Sans oublier que les ressources demandées pour la construction de chaque bombe, de chaque navire de guerre, sont en quelque sorte un vol. Un vol commis contre ceux qui ne mangent pas à leur faim, ceux qui manquent d’écoles et d’éducation, ceux qui ont du mal à s’habiller et à se loger.

Et les états les plus armés au monde ne se limitent par à dépenser leur argent pour y parvenir :
Ils le dépensent tout en monopolisant la sueur de leurs ouvriers, le génie de leurs hommes de science, et l’espoir de leurs enfants.

Qu’on me prouve alors, si je me suis égaré en chemin, que ce niveau d’armement, et ces guerres à répétition, font de notre monde un havre de paix… font de notre civilisation un modèle d’égalité…

Oui, la mémoire des Hommes est courte, chers amis.
C’est pour cette raison, ô combien essentielle et considérable, que la mémoire de ces évènements est un devoir. Que le souvenir et l’Hommage qui est rendu envers les victimes de cette Grande Guerre, comme de toutes les guerres, qu’importent le camp et les origines, doivent être à la fois maintenus et reconnus.

Rares sont les commémorations, régulières et officielles, ayant lieu dans chaque commune de France, qui portent sur les hommes et les femmes qui ont œuvré pour la paix. Des commémorations qui entretiennent le souvenir d’évènements pacifiques, de réconciliation et de fraternité.

En ce 11 novembre, le jour de l’armistice, dont la définition est un accord de suspension des hostilités entre deux armées, afin de préparer la paix, soit un écho du passé, pour honorer la mémoire de nos « poilus », et placer leur espoir de paix parmi nos plus grandes aspirations.

Merci
David Gourdant, conseiller municipal de Saillans

Commémoration de la Victoire et de la Paix, Hommage à tous les Morts pour la France 11 Novembre 2013 Message de Kader ARIF, ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants
Le 11 novembre 1918, à 11 heures, les clairons sonnaient le cessez-le-feu tout au long de la ligne de front, mettant fin à une guerre que les Français dénommèrent aussitôt la « Grande Guerre ».
Malgré les années écoulées et les nombreux traumatismes qui ont marqué, depuis, l’ensemble du XXe siècle, la Grande Guerre occupe toujours une place bien particulière dans notre mémoire collective.
Car ces quatre années auront amené des bouleversements comme rarement dans notre histoire. Un tournant marqué par la mort de millions d’hommes sur les champs de bataille. Un tournant aussi dans une multitude de domaines : les relations internationales, l’économie, la vie politique et sociale, les arts même.
Tous les combattants de ce conflit, dont l’année prochaine marquera le début du centenaire, sont désormais disparus. La Grande Guerre est passée de la mémoire à l’Histoire.
Ce centenaire sera l’occasion d’un hommage international à tous ces combattants tombés pour leur pays. Il permettra également de rassembler les belligérants d’hier, amis aujourd’hui et réunis pour porter un message de paix. La transmission à la jeunesse sera ainsi placée au centre des commémorations.
Dès la fin de la Grande Guerre, la date du 11 novembre s’imposa comme le symbole d’une France qui surmonte l’épreuve.
Le 11 novembre 1923, André Maginot pour la première fois raviva la flamme sous l’arc de triomphe, instituant une tradition qui perdure encore aujourd’hui et dont nous célébrons cette année le 90ème anniversaire.
Dans les heures sombres de notre histoire, cette date devint aussi un moment de ralliement. Le 11 novembre 1940, des lycéens et étudiants parisiens se réunirent place de l’Etoile, bravant les forces d’occupation.
Trois ans plus tard, le défilé d’Oyonnax, dans l’Ain, constitua un nouveau geste de défi face à l’oppresseur. Des résistants, en rangs serrés, déposèrent devant le monument aux morts de la ville une gerbe portant ces mots : “Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18”. A ces hommes, et à travers eux à tous les Résistants de France, le Président de la République rend hommage, à Oyonnax, ce 11 novembre.
Aux hommes et aux femmes morts pour la France, à tous leurs compagnons d’armes, à celles et ceux qui continuent de porter leur mémoire, la France exprime sa reconnaissance et sa solidarité.
Signé : Kader ARIF